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August 18, 2024

« Le régime ultra-libéral subvertit l’État-providence » - Caëla Gillespie - Élucid
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Article on ne peut plus fondamentale pour comprendre notre société moderne. A lire.

Il s’agit aujourd’hui de retourner la liberté de l’individu contre l’État-providence et contre l’État de droit.

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« Le régime ultra-libéral investit et subvertit l’État ; il utilise sa puissance législatrice au service de la déréglementation et de la dérégulation générale. »

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le fait que le régime ultra-libéral se prétende post-politique ne signifie pas qu’il détruit l’État, seulement qu’il détourne l’État de sa fin politique. Il investit et subvertit l’État ; il utilise sa puissance législatrice au service de la déréglementation et de la dérégulation générale.

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« La société civile au pouvoir », c’est le refus d’un État politiquement actif, qui légifère pour prélever et redistribuer les richesses, ou pour corriger les inégalités, mais ce n’est pas le refus de l’État tout court. L’ultra-libéralisme n’est pas incompatible avec un État fort, voire répressif, parce que l’État fort peut être un outil extrêmement puissant pour imposer la dérégulation

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Dans la doxa ultra-libérale, ce qui doit être renvoyé au passé, c’est la figure du citoyen, qui est une part du corps politique. L’individu, qui est à lui-même une totalité, un « self made man », doit lui succéder.
Le « nouvel homme » est alors décrit comme un être essentiellement jeune, qui se définit par son inappartenance radicale : il n’est pas du vieux monde ; il n’est d’aucun corps politique, d’aucun parti ou syndicat. Il ne s’inscrit pas dans le monde du travail, mais dans le monde de l’entreprise.

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« L’ultra-libéralisme fait flamber la guerre des générations pour mieux détourner nos regards du véritable enjeu, qui est la production d’une impuissance collective par le délaissement du politique. »

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Nous n’avons pas affaire à une dépolitisation qui serait le fruit d’un simple désintérêt subjectif ou qui viendrait du désinvestissement d’une génération. Nous vivons depuis cinquante ans un processus historique de manufacture de l’homme apolitique, dont l’homme contemporain est le produit fini. Cet homme, qui jouit d’une chimérique liberté post-politique, est nécessaire au développement de l’ultra-libéralisme.

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Aujourd’hui, la question n’est pas d’opposer les intérêts d’une génération à une autre – les luttes sociales aux luttes écologiques par exemple – mais de savoir comment on peut passer de l’atome à la structure, et de l’individu à la conscience collective, pour se remettre à agir.

Livre : Caëla Gillespie (philosophe), Manufacture de l’homme apolitique, éditions du Bord de l’eau

A Blendecques, avec les premiers déplacés climatiques du Pas-de-Calais, forcés de quitter leurs maisons et leurs vies – Libération
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Coup de gueule qui part en digression :

«On n’avait jamais imaginé qu’on deviendrait les premiers déplacés climatiques du Pas-de-Calais.» A Blendecques, des sinistrés des inondations ont vendu leurs pavillons à l’Etat, obligés de les abandonner après les trois crues de l’hiver.

Vu ce qui s'esquisse c'est que le début. Il y aura si ce n 'est des réfugiés, des déplacés climatiques à l'intérieur même de la France.

Au delà des inondations, ce qui me fait peur ce sont les canicules, plein de personne habitent des zones, immeubles etc. où il va devenir proprement impossible de vivre l'été.
Comment feront-ils ? Devront-ils se réfugier ailleurs pendant les épisodes de canicules ? (qui peuvent durer plusieurs semaines comme on l'a vu en 2023).

A Lyon cet été, ils avaient prévu d'ouvrir les parcs la nuit et de faire des dortoirs géants pour les personnes qui ne peuvent pas dormir chez elles à cause de la chaleur (on a finalement pas eu trop de canicule, ça n'a donc été expérimenté).

On se rend compte de quoi on parle là ?

On est pas capable de revenir sur des notions de confort tout à fait futiles :

  • changer de smartphone chaque 2 ans,
  • avoir la dernière option à la mode sur tous nos appareils,
  • IA par ci, objet connectés par là,
  • terrasses de café climatisées en été, chauffées en hiver
  • golf bien vert,
  • station de ski maintenus à tout prix
  • etc. etc. la liste pourrait être longue

Et en contrepartie on va accepter que des gens ou nous-même dormions dans des parcs parce que logement invivable ! C'est surréaliste.

Il y'a un sens des priorités à revoir.

Je ne parle même pas des personnes qui habitent dans des pays qui vont devenir plus invivables que chez nous encore. Au vu de l'ambiance générale et de ce qui se profil climatiquement ici-même, je vois malheureusement pas par quel biais il pourra y avoir une acceptation sociale de ceci.