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" Nos élites pensent que nous voulons des TV 4K, des bagnoles électriques, la 5g partout et le dernier iPhone alors que ce que nous voulons c'est une semaine de 4 jours, des loyers contrôlés, une médecine gratuite, une école qui fonctionne et en finir avec la corruption. "
Rapidement j'aurais tendance à réécrire les choses comme ceci :
1/ Nos élites ont sciemment créé le cadre global dans nos sociétés pour nous donner l'illusion que nous voulons des TV 4K, des SUV électriques, la 5G partout et le dernier iPhone.
Ils y ont formidablement bien réussi.
2/ En parallèle de ça ils ont créé les conditions qui ont fini par faire comprendre à tous que toute évolution progressiste de notre société (semaine de 4 jours, des loyers contrôlés, une médecine gratuite, une école qui fonctionne et en finir avec la corruption) est illusoire et impossible.
Les conditions 2/ étant concrètement établi dans la société, le seul petit bonheur individuel auquel peut désormais se raccrocher l’individu c'est de posséder des bidules du cadre 1.
Tel un cercle vicieux (ou vertueux si on se place du côté des élites), les conditions 2/ renforcent le cadre 1/ et ainsi de suite.
Soit tu possèdes et consommes, soit tu n'es rien puisque tout est désormais basé sur le fait de consommer et de posséder. C'est une matrice qui a en quelque sorte piégé l'individu.
Je ne suis pas sûr que les choses y soient abordées comme je les décris ci-dessus, mais sur le sujet, j'ai prévu de lire ce livre :
https://www.editionsladecouverte.fr/la_fabrique_du_consommateur-9782355221422
" 28 juillet 2020, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, mentionne la "violence légitime de l'État" de Max Weber. Conceptualisé par le sociologue allemand en 1919, le concept de Max Weber a été détourné de son sens originel. Explication "
«Plus de deux siècles après la Révolution, les conditions de naissance continuent à déterminer le destin des individus. On ne devient pas ouvrier, on naît ouvrier.»
« Il existe une alternative qui consiste à céder aux sirènes de la psychologie active, faire croire que «quand on veut, on peut», que la réussite scolaire ne dépend que des efforts fournis, du mérite et rien d’autre. Cette fable méritocratique peut permettre, dans certains cas, de repousser les limites en ignorant qu’elles existent. En effet, on entend souvent ceux qui ont réussi à s’en sortir répéter cette citation qu’on attribue tour à tour à Mark Twain, à Voltaire et à Cristiano Ronaldo : «Je ne savais pas que c’était impossible, alors je l’ai fait.» Le problème est que si certains peuvent en tirer un bénéfice, c’est une souffrance pour d’autres. »
« pour expliquer ce qu’il observe, l’humain a naturellement recours aux facteurs internes au détriment des explications situationnelles. Et la source de cette erreur est la «croyance dans un monde juste» (CMJ) à laquelle on tend naturellement. Ce biais cognitif théorisé par Melvin J. Lerner consiste à penser qu’on «obtient ce qu’on mérite et qu’on mérite ce qu’on obtient» »
Avec toutes les pincettes qu'il est bon d'avoir face à une seule enquête et face aux statistiques.
(pour les non abonnés j'ai mis en bas de page un lien vers l'article complet en pdf)
Quelques extraits subjectifs :
« Le débat public sur les valeurs des Français est plus que jamais saturé par des interprétations alarmistes. Montée de l’individualisme, déclin de la matrice républicaine et laïque, poids de l’immigration... autant de facteurs qui, conjugués à la hausse des inégalités, conduiraient à une polarisation grandissante de la société, voire à une désintégration de la cohésion nationale. Le volet français de l’enquête sur les valeurs des Européens (European Values Survey) contredit en grande partie ces thèses. Réalisée tous les neuf ans depuis 1981 dans l’ensemble des pays européens, cette enquête interroge des échantillons nationaux sur des registres de valeurs aussi variés que la morale, la sociabilité, la politique, la religion ou l’économie. L’édition 2019 démontre d’abord que le libéralisme des mœurs – relations familiales, rapport au corps ou à la sexualité – est en progression constante depuis quarante ans. Ainsi, l’acceptation du suicide et des relations extraconjugales est de plus en plus nette. Mais c’est surtout la justification de l’homosexualité, de l’euthanasie, de l’avortement et du divorce qui explose et se banalise. »
« Les jeunes des années 1980 sont aujourd’hui plus âgés mais tout aussi tolérants que les jeunes des années 2000 2010. On assiste ainsi à un phénomène de convergence, toutes les générations se retrouvant à de hauts niveaux de tolérance en matière morale. Seuls les seniors socialisés avant 1945 restent un peu plus réticents vis à vis de la liberté de choix. Deuxième constat : l’altruisme résiste à la crise. La solidarité à l’égard d’autrui suit une tendance très similaire. A rebours des thèses pessimistes, les Français sont une assez large majorité à se dire concernés par les conditions de vie de différents groupes sociaux. Certes, l’altruisme vis à vis des chômeurs et des immigrés est moins marqué que vis à vis des personnes âgées, malades ou handicapées. Mais il l’est plus que vis à vis des concitoyens ou des Européens. »
« Alors qu’on aurait pu s’attendre à un recul du fait de la grande récession (2007 2012), on assiste plutôt à une poussée de l’altruisme, notamment à l’égard des personnes âgées et des immigrés. Là encore, des facteurs structurels interviennent. C’est parmi les jeunes générations que le souci des autres a le plus progressé. Les personnes nées à partir des années 1960 ont longtemps été les moins altruistes ; ce qui a pu faire croire à un délitement du lien social. Aujourd’hui, les écarts entre générations se sont résorbés. Et les jeunes générations sont tout aussi altruistes que les autres. Une tendance d’autant plus notable que les jeunes sont parmi les plus exposés en période de crise. »
« De nombreux commentateurs ont craint que la récession économique ne conduise à un effritement des valeurs démocratiques et de l’attachement à l’Etat providence. Il est clair que les Français sont très insatisfaits du fonctionnement du système politique. Et nombreux à penser que la France n’est pas gouvernée démocratiquement. On aurait toutefois tort d’en déduire qu’ils rejettent la démocratie. Sur une échelle de 1 à 10, l’importance de vivre dans un pays gouverné démocratiquement est en moyenne notée 8. »
« la confiance des français à l’égard de l’Union européenne (UE) s’est érodée ces dernières décennies. Alors que, en 1990, 65 % des Français affirmaient avoir confiance dans la Communauté économique européenne (CEE), ils ne sont plus que 47 % à déclarer, à l’été 2018, avoir confiance dans l’UE. Dans le même temps, les Français tendent à affirmer leur attachement à leur pays plus fortement qu’il y a trente ans. En 1990, 35 % se déclaraient très fiers d’être français. Ils sont aujourd’hui 51 %. »
« La plupart des tendances présentées participent d’une dynamique plus large, qui est celle de la montée des valeurs d’individualisation. Car dans tous les domaines de la vie, les Français veulent davantage avoir leur mot à dire. Ils veulent construire librement leurs relations familiales et non pas entrer dans un moule normatif tout fait. Ils veulent que leur travail ne soit pas seulement un gagne pain mais leur permette de s’épanouir. Ils veulent pouvoir s’exprimer dans la cité et se mobiliser pour défendre certaines causes, voire changer l’organisation de la cité. Cette dynamique d’individualisation est en augmentation constante depuis quarante ans. Mais elle ne se confond pas avec l’individualisme ou l’égoïsme social qui ont, à l’inverse, tendance à refluer. Les thèses pessimistes insistant sur le déclin des valeurs et de la cohésion sont donc loin d’être avérées. En fait, plus les Français adoptent des valeurs d’individualisation, moins ils ont tendance à être individualistes. »
« Que pensent les Français de ce dilemme entre protection de l’environnement et croissance économique ? Une majorité (50 %) privilégie la protection de l’environnement au détriment de l’économie et de l’emploi. Seulement un tiers choisit l’économie. Cette préférence pour l’environnement est elle partagée de la même manière dans toutes les couches de la société ? Pas tout à fait. Depuis les travaux de Ronald Inglehart sur le développementdes valeurs dites « postmatérialistes », la protection de l’environnement est présentée comme une priorité des personnes les plus dotées en ressources culturelles et économiques. Défendre la planète serait le luxe de celles et ceux qui n’ont pas à se préoccuper de leurs conditions matérielles d’existence. »
« Du côté des préférences politiques, la priorité à l’environnement est plutôt le fait des Français très intéressés par la politique (67 %) et qui partagent les valeurs couramment associées au postmatérialisme, notamment le libéralisme des mœurs et l’antiautoritarisme. »
Article complet pdf : https://www.pacte-grenoble.fr/sites/pacte/files/files/articlevaleurs_lemonde_2019-04-26.pdf
Long article bien documenté sur le mépris de classe.
«Les journalistes écrivent librement ce qu’ils sont socialement programmés à écrire.»
« En contradiction avec l’approbation des gilets jaunes par une majorité de la population, la réaction des élites a trahi un fort mépris de classe, au point de retourner cette arme contre elles. Car le mépris de classe ne fonctionne comme instrument de sujétion qu’à la condition de rester invisible. A partir du moment où il est désigné comme tel, il perd tout pouvoir et devient une faute. »
Bien que ça face un peu sociologie de comptoir, ceci n'est pas très étonnant.
En fait l'argent quand on en a beaucoup sert même à ça :
Ne plus être emmerdé par rien ni personne, ne pas avoir avoir de compte à rendre à personne et in fine être insensible au monde.
Loire | Des scènes d'émeute pour du Nutella dans des Intermarché (vidéo) - Les liens du Lapin Masqué
Rien à ajouter. Bonne analyse.
J’aimerais que ces personnes ne se laissent pas berner par Nutella/la grande distribution/le capitalisme productiviste.
Ça me rappelle la sortie du nouvel IPhone quand des gens viennent en avance devant la boutique et se précipitent pour acheter le nouveau modèle à l'ouverture. Pour les IPhone, les victimes (acheteurs) sont peut-être sociologiquement moins identifiables (?).
Dans leur cas j'aurais plus de mal à ne pas me moquer d'eux par contre.
« Plus longtemps célibataires, voire condamnés à le rester, certains jeunes ruraux marginalisés peuvent être gagnés par un sentiment d’abandon qui les pousse à des stratégies de repli dans les relations de bande nouées autour de la voiture ou du deux-roues.
Dans un contexte de dégradation de l’estime de soi, le véhicule devient l’un des derniers espaces de célébration des valeurs de virilité »
« Commode, la mise en cause des comportements individuels rend les questions de sécurité routière gouvernables sans imposer de toucher aux puissants intérêts impliqués dans la fabrique sociale des accidents de la circulation : les constructeurs de véhicules, les producteurs d’alcool, les assureurs, l’État, etc. De plus, contrairement à la prise en charge des causes profondes, la stigmatisation des conducteurs irresponsables peut facilement être convertie en objet de calcul et de gouvernement ; elle convient aux temps courts de la médiatisation et de l’évaluation de l’action publique. Enfin, ce discours est en phase avec le récit individualiste charrié par le modèle libéral : « Si tu veux t’en sortir, prends-toi en main ! » »
Voir le livre :
Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale Nicolas RENAHY
Une émission qui suscita la controverse. Pierre Bourdieu critiquait la télévision avec une approche sociologique. C'est en tant qu'homme de science qu'il tenta d'exposer sa réflexion des structures de ce média, et particulièrement le plateau de télévision, le lieu de débat. Cette émission en expose directement les limites
Malheureusement les bourgeois préfèrent les voitures enflammés aux débats enflammés.
C'est beaucoup plus facile de stigmatiser des casseurs de voitures que des intellectuels...
<spoiler copié-collé de la conclusion>
« Toujours est-il que pour répondre à ma question de départ, "que devient l'argent des pauvres ?", toujours sans souci d'exhaustivité, on peut dire qu'il y en a une partie non négligeable qui revient à ceux et celles qui savent exploiter la misère d'autrui. Alors que l'on braque le regard sur les dépenses des pauvres, laisser un peu de côté les dépenses volontaires et s'intéresser aux dépenses contraintes ne ferait pas forcément de mal au débat public. Il y a quelques très sérieuses questions à poser. Avec des réponses qui ne feront sans doute pas consensus. Mais ça vaut le coup d'ouvrir la discussion. »
« On voit par exemple qu'il n'y a plus aucun ouvrier. Leur nombre était en baisse régulière depuis les années 50, mais là, ils ont totalement disparu de l'Assemblée alors qu'ils représentent près d'un quart de la population.
De l'autre côté il y a une surreprésentation des cadres et professions intellectuelles supérieures, qui représentent l'énorme majorité de l'Assemblée alors qu'ils ne représentent que moins de 10% de la population. Même chose pour les chefs d'entreprises, qui sont plus nombreux à l'Assemblée qu'ils ne le sont dans la population.
»
Le reste de l'article est intéressant.
« Conférence du sociologue Vincent de Gaulejac qui a eu lieu à l'INRIA Nancy le 14 mars 2017. Je vous la recommande, elle est très claire et instructive.
Quelques uns des éléments abordés : l'idéologie manageriale, la quantification à tout prix, l'évaluation, la compétitivité et l'excellence, ... »
(source http://vracaliens.etnik0j.fr/?fmdEmA)
Pas encore vu, mais venant de Vincent de Gaulejac ça ne peut qu'être bon.