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Le dessin de la semaine.
C'est trop ça... :/
La réforme des retraites n’est pas indépendante de celle de l’assurance-chômage, qui entre en vigueur mercredi 1er février. C’est bien plutôt son complément, visant à discipliner le monde du travail au profit d’un système productif en crise structurelle.
MercrediMercredi 1er février, la deuxième réforme de l’assurance-chômage entre en vigueur, réduisant de 25 % la période d’indemnisation des nouveaux chômeurs. Cette mesure vient après une première réforme qui avait, en moyenne, réduit de 16 % les indemnités des demandeurs et demandeuses d’emploi. L’application de cette violente réforme, au moment même où le gouvernement s’apprête, malgré l’opposition majoritaire de l’opinion, à repousser de deux ans l’âge légal de départ à la retraite, rappelle la violence structurelle de l’exécutif à l’égard du monde du travail.
Derrière le masque moralisateur de la « valeur travail » affiché à tout propos, se révèle une action déterminée et concrète contre celles et ceux qui, chaque jour, sont soumis à la réalité du travail dans le capitalisme contemporain. Cette « valeur » qui serait porteuse de tout bien et de tout mérite n’a d’ailleurs pour fonction que d’invisibiliser cette réalité, celle de l’intensification du travail, des burn-out, des pressions physiques et morales et des accidents du travail.
Une même invisibilisation préside aux deux réformes, celle de l’assurance-chômage et celle des retraites. Le « travail » serait une activité neutre et abondante, dont on pourrait à volonté moduler la quantité. En réalité, il n’en est rien : la quantité de travail disponible et la qualité de ce travail ne sont nullement déterminées par les travailleurs, mais bien par le système productif, lui-même contrôlé par les capitalistes.
Dès lors, ces réformes sont non seulement étroitement liées, mais ont aussi une fonction précise dans le cadre du capitalisme actuel. C’est sans doute ce qui explique la rigidité de l’exécutif dans l’application de l’une comme de l’autre. Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a souvent varié sur nombre de sujets, mais il n’a jamais bougé sur sa volonté d’affaiblir les positions des travailleurs face à leurs employeurs.
Le chômage, sous-produit de la réforme des retraites
Or ces deux réformes vont encore dans ce sens. Lorsque l’on augmente l’âge légal de départ à la retraite, on contraint les travailleurs âgés à travailler davantage. Les effets de cette mesure sur le marché du travail sont assez discutés par les économistes, mais en réalité, il n’existe que deux possibilités. La première, c’est que les travailleurs restent en poste. C’est ce que prétend le gouvernement en affirmant que le taux d’emploi des plus âgés augmente avec le report, ce qui est, par ailleurs, assez logique, puisque les gens doivent travailler davantage pour prétendre à leur pension.
Mais comme on l’a vu, ce ne sont pas les travailleurs qui décident de leur emploi. Il existe donc une autre possibilité : celle que les entreprises continuent de se débarrasser de leurs effectifs les plus âgés, considérés comme trop chers et pas assez productifs. Dans ce cas, les futurs retraités sont versés dans la catégorie « demandeurs d’emploi ».
En fait, il est inutile, pour ce qui nous occupe, de trancher cette question. Dans le premier cas, le maintien en emploi deux ans de plus réduit l’offre de postes libérés par les départs à la retraite pour les autres générations. Dans le second cas, la réforme augmente le chômage des plus anciens. Autrement dit : la réforme crée du chômage à court terme.
L’étude d’impact du projet de loi de réforme des retraites évite très soigneusement cette question (comme d’ailleurs toutes les conséquences macroéconomiques de la réforme), s’en tenant à une hypothèse « de long terme », entièrement arbitraire, d’un taux de chômage de 4,5 %. Les projections de l’OCDE ne laissaient cependant aucun doute sur l’effet négatif du recul de l’âge légal sur le chômage à court terme. Or, en matière économique, le court terme représente la plus grande probabilité.
Cette étude d’impact signale, au reste, que le taux de chômage des générations partant à la retraite est de 13 %, soit plus du double de celui de la population générale. Autrement dit, si l’activité des personnes les plus âgées augmente avec le report de l’âge, le chômage augmente proportionnellement davantage. Le tout sans compter l’effet sur les autres générations.
Pression sur le monde du travail
C’est là que la réforme des retraites entre en cohérence avec celle de l’assurance-chômage. Elle participe de la contrainte qui sera imposée sur les demandeurs d’emploi, futurs retraités ou non. En terme macroéconomique, elle permet de maintenir une « armée de réserve » qui fait pression à la baisse sur les salaires. Cette pression s’exerce d’ailleurs moins par la quantité de main-d’œuvre que par l’acceptation forcée des bas salaires.
On peut ici le résumer aisément. La salariée (ou le salarié) qui aura perdu son emploi après ses 60 ans se retrouvera avec des droits au chômage réduits et un parcours allongé avant sa retraite. La pression sera donc plus forte pour qu’elle (ou il) accepte le premier emploi disponible, y compris le plus pénible ou le plus mal payé, puisque l’enjeu est ici de survivre jusqu’à la pension. Ce qui, en passant, exerce une pression sur les emplois disponibles pour les autres générations, rendant les augmentations de salaire et les améliorations des conditions de travail moins urgentes.
En cela, la réforme répond à deux des principales préoccupations du moment du capital. La première est celle de résister à toute demande de hausse salariale, alors que le taux de chômage recule. La seconde est de faire en sorte que les travailleurs acceptent les emplois proposés, qui sont souvent pénibles et mal payés. Ces deux préoccupations peuvent se résumer en une seule : le capitalisme contemporain est un capitalisme de bas régime, avec des gains de productivité faibles, voire négatifs.
Dans ce cadre, les emplois sont à la fois abondants et nécessairement mal rémunérés et avec des conditions de travail détériorées. Dès lors, les deux problèmes se posent immédiatement : la préservation des profits suppose une résistance à toute revendication d’amélioration des conditions de travail et des salaires. Mais cette réalité même rend peu attractifs les emplois proposés, ce qui peut conduire à des manques de main-d’œuvre dans certains secteurs. C’est là tout le paradoxe de ce plein-emploi en trompe-l’œil que nous promet l’actuel système économique.
La seule solution à ce problème est alors la contrainte : il faut obliger les travailleurs à accepter l’état existant de l’emploi et, pour cela, il faut faire pression sur ses conditions de subsistance. C’est absolument la fonction des trois réformes mises en œuvre depuis 2020 par le chef de l’État. Durcir les conditions d’accès et d’indemnisation à l’assurance-chômage, et rendre plus difficile l’accès à la retraite conduit alors à vouloir discipliner le monde du travail dans l’intérêt du capital. Il permet d’exonérer ce dernier de toute réflexion sur le contenu des emplois qu’il crée.
En cela, ces réformes sont des formes évidentes de violence sociale et de politique de classe. Il n’y a là rien d’étonnant de la part de ce pouvoir qui mène depuis des années cette même politique, non seulement dans le domaine du travail (dès les ordonnances de 2017), que dans celui, par exemple, de la politique fiscale.
Dès lors, le débat sur le financement du système de retraite et ses déficits, utilisé pour justifier, d’ailleurs fort maladroitement, la réforme, n’est qu’un rideau de fumée. Une des raisons de cette réforme est bien davantage, comme Emmanuel Macron l’avait assez benoîtement revendiqué pendant des mois, de contraindre la population à « travailler plus ». Un surcroît de travail rendu nécessaire par un système économique en crise structurelle.
On le comprend : « le plein-emploi » promis par le gouvernement et utilisé pour justifier les réformes de l’assurance-chômage et de la retraite est une fable. C’est un plein-emploi sans augmentation des salaires, un plein-emploi de contraintes et de pression et, finalement, un plein-emploi de misère. Car derrière les boniments se cachent bien la guerre sociale et la violence de classe.
L’enjeu de la lutte actuelle contre la réforme des retraites dépasse donc le seul enjeu du report de l’âge légal de départ à la retraite. Il s’agit aussi de refuser une future dégradation de la condition des travailleurs et, plus globalement, de s’interroger sur le contenu des emplois.
En réalité, cette mobilisation a le potentiel, de par l’objet qu’elle conteste, de poser des questions devenues fondamentales : que devons-nous produire, comment et dans quel but ? Des questions que la crise écologique rend incontournables. Et c’est bien à cela que l’avenir du monde du travail et celui de l’humanité sont directement liés. Et c’est pourquoi cette lutte concerne toute la société, et en particulier la jeunesse.
Romaric Godin
à 64 ans, 29% des plus pauvres sont déjà morts, contre 6% des plus riches.
Si le départ de l'âge à la retraite était repoussé à 64 ans, pas loin de 1/3 des pauvres ne la toucheront jamais, parce que déjà mort.
Politique cynique.
--> penser à manifester mardi
"L’article 47-1, alternative au 49-3"
" C’est ici qu’apparaît l’article 47-1 de la Constitution, jusqu’alors méconnu du grand public. En décidant de faire passer sa réforme des retraites par la voie d’un PLFRSS, le gouvernement s’est également ouvert la possibilité de recourir à ce dispositif constitutionnel, ordinairement prévu pour permettre l’adoption d’un budget avant la fin de l’année civile, afin d’assurer « la continuité de la vie nationale ».
Cet article dispose que « si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée en première lecture dans le délai de vingt jours après le dépôt d’un projet, le gouvernement saisit le Sénat qui doit statuer dans un délai de quinze jours ». En clair, si jamais les débats s’éternisaient au Palais-Bourbon, le gouvernement pourrait transmettre le texte à la chambre haute sans vote des député·es en première lecture"
« Je pense que Laurent Fabius [président du Conseil constitutionel] ne prend pas son rôle de président de juridiction au sérieux, conclut-elle. Il se comporte comme un collaborateur alors qu’il est censé être un contre-pouvoir. »
« Chez nous, si on fait un micro-arrêt dans la cadence de travail, il y a un mouchard qui le détecte » Samuel Beauvois, ouvrier chez Renault
Macron enfoiré,
--> go go manifester jeudi
vidéo de 6 minutes en accès libre
Oh yeah !
« Vous présentez le fait de devoir "travailler plus" comme une impérieuse nécessité. D’après le Conseil d’Orientation des Retraites, il ne s’agit pourtant que d’un choix politique »
Il y a quelques mois notre GVT annoncait un système de retraite indexé sur le PIB - Notre PIB aujourd'hui :
Article de nov. 2019
L’ensemble du système de retraite des Pays-Bas est au bord de l’apoplexie.
Des années de taux bas, voire négatifs, accompagnés par une montée du nombre de retraités, en raison du vieillissement de la population, sont en train d’ébranler le système de retraite néerlandais, présenté jusqu’alors comme un modèle par tous les défenseurs de la retraite par capitalisation. Le système préféré des néolibéraux, pilier indispensable du recyclage de la dette.
Depuis des mois, les manifestations de retraités et de salariés se succèdent aux Pays-Bas pour s’opposer à une diminution de leurs pensions.
Report de l’âge de la retraite à 67 ans dès 2021 (aujourd’hui à 65 ans), aides financières de l’État, abaissement de la réglementation… toutes les pistes sont à l’étude pour déminer un sujet politiquement sensible, et pour sauver une industrie financière qui pèse 1 600 milliards d’euros.
Les Pays-Bas sont le pays européen qui a le plus développé le système par capitalisation. Aux côtés d’un régime public qui garantit une retraite de base, une multitude de fonds de pension, souvent organisés par branche professionnelle, se sont développés pour assurer les retraites complémentaires. Grâce à la financiarisation galopante des trente dernières années, ils ont prospéré sans encombre.
Ces différents exemples viennent opportunément rappeler que, contrairement à ce que certains thuriféraires défendent, la retraite par capitalisation n’est pas l’alternative rêvée au système par répartition.
Pendant des années, la financiarisation à outrance a permis de cacher cette dégradation et de faire croire que la retraite par capitalisation, comme tout le système financier, pouvait échapper à cet environnement déflationniste
Vulgarisation du nouveau/futur-ex système de retraite by Mélenchon.
1/6 A propos du 49-3 sur les retraites et des raisons pour lesquelles celui-ci est particulièrement scandaleux
L'article 49-3 a été introduit dans notre Constitution pour éviter qu'un gouvernement qui n'aurait qu'une majorité relative à l'Assemblée soit empêché de gouverner.
2 Il s'agit en effet d'obliger les opposants à s'entendre pour renverser le gouvernement. C'est pourquoi il avait été bcp utilisé par Michel Rocard après 1988 parce qu'il n'avait pas de majorité ou encore par Manuel Valls qui n'en avait plus avec l'éloignement des frondeurs.
3 Il s'agit toujours d'une procédure très agressive à l'égard du Parlement mais aujourd'hui son usage n'a même pas pour but de protéger le gouvernement : celui-ci dispose encore d'une majorité absolue même si LREM perd régulièrement des députés écoeurés par ses pratiques.
4 Le gouvernement avait déjà squeezé le débat en Commission en ne lui accordant que quelques jours, puis réclamé sans aucun fondement une "procédure accélérée" (pour une réforme qui doit entrer en vigueur en 2037... ) ce qui empêchera une seconde lecture du projet au Parlement.
5 Avec le 49-3, il s'agit avant tout d'empêcher maintenant le (seul) débat qui aura lieu sur le projet de loi à l'Assemblée nationale d'aller à son terme. La raison principale de cette décision tient sans doute d'abord à l'effet que produisent ces débats dans l'opinion...
6 ...en montrant clairement aux Francais à quel point ce projet est mal préparé et imprécis alors qu'il engage la vie de dizaines de millions de personnes pour des décennies.
Projet de loi reforme retraite chronologie :
-
17 Février 2020 le texte entre en débat à l’assemblée
12 jours plus tard : -
29 février 2020 (un samedi) matin : annonce du "niveau 2" de propagation du Coronavirus, annulation/interdiction d'un certain nombre de rassemblement
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Ce même samedi 29 février 2020 fin d'après-midi : annonce de l'utilisation du 49.3. La réforme des retraites ne sera plus discutée par les députés.
Précisons que ce gouvernement a une majorité à l’assemblé, malgré ça 49.3. Et que la réforme des retraites n'était en aucun cas urgente.
Le système de retraite va concerner des millions de personnes pour des décennies.
Gouvernement, médiocrité et lâcheté. Ils sont prêt à profiter de n'importe quoi pour passer en force.
« Après deux mois de débats, un représentant LREM l'avoue enfin : oui, Macron a menti sur la retraite des agriculteurs. Tous les agriculteurs n'auront pas droit aux 1000€ minimum. »
Le député #LREM, Jacques Maire rapporteur du projet de loi Retraites et ancien haut cadre d'Axa, détenait 13 000 actions de l'assureur, pour un montant estimé à 360 000 euros.
Un portefeuille qu'il aurait revendu il y a peu, selon son entourage.
Axa serait un des grands gagnants de la réforme des retraites.
Après les régimes spéciaux pour les sénateurs, les policiers, les militaires, les pompiers, un peu les profs, les routiers, les pilotes de ligne ... on peut faire un régime spécial pour les "plus de 120.000€/an" pour qu'ils puissent conserver leur retraite comme avant.
Seuls les sans-dents subiraient ainsi la réforme des retraites.
Chiche, pas chiche ?
(Puis c'est pas comme si l'idée initiale était de supprimer les régimes spéciaux).