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« Le site Internet, conçu comme un site de rencontres, permet aux candidats et aux employeurs de poster des petites annonces. Un ensemble de critères favorise leur mise en contact. Problème : près d’un mois après son lancement, le site compte 240 000 candidats… pour seulement 840 offres d’emploi. »
« Quant aux horaires et à la charge de travail, aucune limite n’a été posée dans un secteur qui bénéficie déjà d’innombrables dérogations au droit du travail. Selon nos informations, du côté de la FNSEA, on imaginait même, dans un premier temps, faire appel au bénévolat ou à la mobilisation des élèves des lycées agricoles. Le ministère du travail a bloqué, mais rien n’empêchera les abus : en plein confinement, il est impossible pour l’inspection du travail de venir contrôler les exploitations... »
« Jean-Baptiste Vervy le reconnaît : « S’il y avait un fort recrutement de main-d’œuvre étrangère en agriculture, c’est parce qu’il fallait supporter la cadence. Il y a une forte pénibilité dans les métiers du secteur. La nouvelle main-d’œuvre recrutée dans le contexte du confinement sera moins productive. » Une exploitante contactée par Mediapart le dit aussi, à propos des personnes qu’elle vient d’embaucher : « Elles sont beaucoup moins rapides que les Polonais, mais on fait avec les moyens du bord, on s’adapte... » »
« En Europe, deux pays ont décidé de faire venir leur main-d’œuvre habituelle malgré l’épidémie : l’Allemagne et l’Autriche. Toutes deux ont affrété des avions depuis la Pologne et la Roumanie, ce qui a suscité localement des protestations, car le respect des mesures sanitaires dans ces circonstances s’avère problématique »
« La France, pour l’instant, s’en tient à la plateforme Wizifarm. Reste que le nombre d’offres d’emploi mises en ligne sur le site est très limité et sans rapport avec les chiffres avancés par la FNSEA et le ministère. Résultat, la plupart des candidats se retrouvent sans réponse. Les exploitants habitués à la main-d’œuvre étrangère préfèrent-ils cette année renoncer à une partie de leur production plutôt que de prendre le temps de former de nouvelles personnes, lesquelles ont pourtant un réel besoin de travailler ? »
« Mais le problème, au fond, c’est que l’inquiétude sur les débouchés dans le contexte actuel n’incite pas du tout à embaucher. « Les producteurs ne savent pas s’ils vont pouvoir vendre, si les exportations vont marcher…, reconnaît Jean-Baptiste Vervy. Ceux qui écoulaient sur les marchés ou dans la restauration collective n’ont pas intérêt aujourd’hui à se rajouter des coûts de main-d’œuvre. » »
« « Des gens m’ont appelé pour venir travailler chez moi, même gratuitement, raconte Mohamed Zerouali. J’ai refusé systématiquement. » Pourquoi ? « Quelqu’un qui n’a aucune expérience dans la cueillette des fraises a besoin de deux ou trois semaines de formation. Une fraise, c’est fragile, il faut savoir la cueillir, l’emballer, faire attention à ne pas l’écraser… Certains dans la région, qui travaillent habituellement avec des Espagnols ou des Portugais, ont préféré abandonner leur récolte. Ils laissent pourrir les fruits ou assèchent les plantes en ne les arrosant plus. » »
« Au vu de ces difficultés, le lancement de Wizifarm ressemble davantage à une opération de communication qu’à une tentative de remédier aux problèmes de fond. C’est en tout cas ce que pense le paysan bio et député européen Benoît Biteau »