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" Notre modèle de solidarité est entré en crise ces dernières décennies (par ses propres insuffisances, par les attaques répétées des libéraux). Dans ce contexte se développe la croyance qu'on ne s'en sortira pas collectivement.
En temps de crise, on aura tendance à sacrifier la solidarité publique, élargie, et reposant sur les institutions publiques, pour compter davantage sur des solidarités plus directes, fondées sur des choix personnels (je donne pour telle cause qui me semble importante) ou sur des liens affectifs (je fais une avance sur héritage à mes petits-enfants). Ce repli sur des solidarités restreintes ou choisies ne signifie pas nécessairement égoïsme ou individualisme. On n'a pas affaire à un refus de la solidarité, mais à un conflit entre deux formes de solidarité : une solidarité chaude (priorité à ceux qui me sont chers) et une solidarité froide (qui passe par des mécanismes impersonnels).
Savidan explique que sur les trois ou quatre dernières décennies, la situation économique, sociale et politique est telle que de plus en plus de gens voient non seulement leur situation se dégrader mais perdent également l'espoir d'une amélioration future.
De sorte qu'il s'installe dans une grande partie de la population un scepticisme sur la capacité de l’État, des institutions publiques, à résoudre leurs problèmes. On peut le mesurer au fait que les Français sont bien plus optimistes sur leur avenir personnel que sur celui du pays, du système économique, ou des générations futures. Ce qui explique qu'on se détourne des solidarités froides (qui passent par la collectivité) au profit de solidarités chaudes (plus locales, directes, et choisies). "