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Passée la sidération, les psychologues insistent unanimement sur l'effet très positif du confinement sur toute une partie de leurs patients. En cause : le changement de rythme imposé à chacun et la satisfaction d'avoir retrouvé du temps pour soi. "Pour beaucoup, le confinement est vécu comme un soulagement. Certains se rendent compte a posteriori qu'ils n'étaient pas loin du burn-out", décrit Isabelle Benassouli à propos de ses patients parisiens. "L'un d'eux a utilisé l'image d'un train lancé à très grande vitesse, qu'il n'arrivait plus à arrêter. Certains étaient dans un rythme où le cerveau était compressé en permanence : là, tout se relâche", analyse-t-elle.
A Nice, Catherine Pierrat observe également cet effet bénéfique. "J'avais beaucoup de personnes déprimées avant le confinement, qui vont mieux depuis, car ça les protège de certaines contraintes sociales, du travail notamment. Elles se sentent libérées".
« Une patiente de Mélanie Girard, psychologue en Seine-Saint-Denis, a ainsi le sentiment que, pour la première fois, "le monde s'est mis à son rythme". »
J'ai le même sentiment depuis le confinement, c'est la remarque que je ne peux m’empêcher de faire chaque fois que je sors faire mes courses. Il y'a quelque chose de plus normal en ce moment qu'avant le confinement.
« Autre trouble apparu chez de nombreux patients : l'angoisse du vide. Alors que certains profitent du confinement pour faire preuve d'introspection, d'autres "tournent en rond, littéralement", explique Mélanie Girard. Certaines personnes sont habituées à être très actives, dans un quotidien ultra cadré, jalonné d'activités, qui constituent d'après cette psychologue "des mécanismes de défense". Avec le confinement, elles se retrouvent tout à coup "empêchées de les utiliser, ce qui peut être très déstabilisant et les plonger dans une sorte de vide, qui les terrifie", explique la thérapeute. "Le face-à-face avec soi-même peut être déroutant, abonde Isabelle Benassouli, notamment pour les accros au travail, qui pouvaient enfouir les traumatismes et les émotions négatives. Ils ne peuvent plus remplir l'espace. Et là, ça remonte", décrypte la psychologue parisienne. »