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" Le phénomène est massif. En à peine cinq ans, une poignée de grands groupes a déjà racheté près d’une clinique vétérinaire sur cinq en France. Le chiffre pourrait atteindre une sur deux d’ici 2025, selon le cabinet de consultants Phylum. Un bouleversement total pour les 6 500 cliniques du secteur, majoritairement des petites structures indépendantes, qui génèrent un chiffre d’affaires d’environ 3,5 milliards d’euros par an, dont les deux tiers issus des soins aux animaux de compagnie. "
" IVC Evidensia est contrôlé à 20 % par Nestlé, la multinationale suisse, qui possède par ailleurs, via sa filiale Purina Petcare, les marques Friskies, Gourmet, Pro Plan ou Felix.
Contournement de la loi
C’est justement cette double casquette qui provoque de fortes inquiétudes dans une partie de la profession. « Pour caricaturer, c’est comme si McDonald’s investissait dans des hôpitaux », résume Margaux, jeune vétérinaire en libéral dans le Sud-Ouest."
"Aux yeux de l’Ordre national des vétérinaires, l’arrivée de ces investisseurs est simplement illégale. L’article L241-17 du Code rural et de la pêche prévoit que plus de la moitié du capital et des droits de vote d’une clinique doivent être détenus par des vétérinaires « en exercice au sein de la société ». La loi interdit aussi certains actionnaires extérieurs à la profession, comme les laboratoires pharmaceutiques, les assurances, ou encore les éleveurs, producteurs et transformateurs de produits animaux.
Pour rester dans la légalité, les groupes se contentent de racheter 49,9 % du capital des cliniques. Mais des conventions internes permettent de donner l’essentiel du pouvoir à l’actionnaire minoritaire, par exemple en instaurant un seuil de deux tiers des voix pour prendre une décision. La plupart du temps, des actions préférentielles permettent au réseau de capter l’intégralité des bénéfices."
"Pour Jacques Guérin, président du conseil national de l’Ordre des vétérinaires, la loi est contournée. « Les entreprises jouent sur leurs montages sophistiqués pour dire que leur filiale qui gère les cliniques n’a pas de lien avec celle qui produit de la nourriture. Mais nous considérons qu’il faut regarder l’ensemble du groupe », résume-t-il."