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« Nous avons interrogé Serge Slama, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Nanterre et membre du Centre de recherches et d’études sur les droits fondamentaux (Credof), sur les conséquences du projet de loi. »
« peut-on admettre dans un État de droit que de manière permanente l’administration préfectorale puisse décider sur la foi d’une simple information des services de renseignement de perquisitionner n’importe quel citoyen, sous prétexte que son comportement constituerait une menace pour l’ordre et la sécurité publics, sans aucun contrôle a priori d’un juge ? L’admettre serait une sacrée régression des droits et libertés ! Une telle atteinte à la séparation des pouvoirs et au principe même de l’habeas corpus serait inimaginable dans la quasi-totalité des démocraties »
« Emmanuel Macron avait écrit en novembre 2016 que « nous ne pouvons pas vivre en permanence dans un état d’exception ». Comment comprenez-vous ce revirement ?
Il avait raison. Mais il avait aussi envisagé l’application de l’état d’urgence en Guyane pour canaliser le mouvement social… On assiste en réalité à un espèce de tour de passe-passe : on sort formellement de l’état d’urgence, alors qu’en réalité on le banalise. »
« Cet état d’urgence est-il utile pour lutter contre le terrorisme ?
Non, même si aucun chef d’État n’a eu le courage de dire que la fonction principale de l’état d’urgence n’est pas de lutter contre le terrorisme. C’est un instrument de neutralisation de certaines populations. Cela renvoie à la fonction historique de l’état d’urgence, créé en 1955 durant la guerre d’Algérie. C’est avant tout un instrument de contre-insurrection pour neutraliser les fauteurs de troubles. »