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« Vu l’importance de ce qui se joue, il est urgent d’ouvrir les portes et fenêtres de l’Eurogroupe, boîte noire de l’Union européenne (UE). Les citoyens doivent avoir les moyens de suivre les discussions, identifier les pommes de discorde, savoir ce que le ministre de leur pays défend. »
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« À ce stade, il n’existe ni diffusion, ni enregistrement, ni même compte-rendu écrit (sous la forme de minutes, comme c’est le cas par exemple pour les réunions des gouverneurs de la BCE). L’écoute intégrale des enregistrements réalisés clandestinement par Varoufákis dans le huis clos de l’Eurogroupe, de février à juin 2015 (ils sont hébergés en intégralité par Mediapart ici), avait permis de tirer au moins trois leçons, qui restent d’intérêt public à l’heure du coronavirus :
- Les débats économiques de fond sont évacués, au profit d’échanges entre experts, dans une langue technocratique qui dépolitise les enjeux.
- L’écart est manifeste entre la teneur des échanges à huis clos et la manière dont ceux-ci sont restitués, dans le communiqué final comme lors des conférences de presse. Les désaccords sont en général cachés sous le tapis, tout comme les menaces qui ont été proférées.
- Un autre écart existe, moins systématique, entre les positions des ministres et commissaires affichées à l’extérieur des réunions (entretiens de presse, tribunes, etc.) et leurs interventions au cours des réunions (ou parfois, comme ce fut le cas de la France en 2015, de leurs non-interventions) : c’est le soupçon du double discours, l’un adapté à l’opinion publique de son État-nation, l’autre ajusté pour la « bulle » bruxelloise. »
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« Mais cette « opinion publique européenne » n’a aucune chance d’advenir pour de bon si l’on ne permet pas avant tout aux citoyens d’écouter et surveiller leurs élus et représentants. Si elle veut être à la hauteur face à l’épidémie, et survivre elle aussi au Covid-19, l’UE doit aussi répondre au défi démocratique – et revoir de fond en comble ses manières de travailler, pour plus de transparence. »