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"La quasi-totalité de la communauté scientifique des linguistes soutient les dix revendications que nous formulons dans ce texte"
" La dictée est en grande partie un exercice mémoriel, une manière de vérifier la capacité des enfants à retenir toute une série de formes, dont certaines sont peu justifiées, voire injustifiables, comme les accords du participe passé avec le verbe avoir, qui constituent une sorte de gymnastique acrobatique liée à toute une série d’obsolescences grammaticales. "
"Nous ne sommes pas tous égaux psychologiquement et neurologiquement face à l’orthographe. On dit souvent qu’il suffit de lire beaucoup pour avoir une bonne orthographe, mais il y a des gens qui pourront lire toute leur bibliothèque et qui n’amélioreront pas leur orthographe. Certains ont une orthographe impeccable, presque spontanée, car ils ont une mémoire plus photographique que d’autres."
"Donc la dictée peut tout à fait être remise en question dans son efficacité pédagogique, or elle est toujours présentée comme une sorte de prière républicaine, liée à l’importance qu’a l’orthographe à l’école depuis la IIIe République."
"On peut écrire une phrase formidable, bien construite, avec du vocabulaire de qualité mais une orthographe tragique. Et on peut aussi imaginer écrire une phrase tout à fait impeccable au niveau de l’orthographe mais qui serait mal construite, mal pensée. Donc il n’y a pas de lien entre l’orthographe et l’intelligence, comme il n’y a pas de lien entre la qualité orthographique d’une phrase et la qualité de son écriture."
"L’orthographe n’est que le code graphique qui permet de retranscrire la langue. Par exemple, pour le son [s] à l’oral, on a identifié avec mon collègue Jérôme Piron douze manières de le retranscrire – /s/, /ss/, /c/, /ç/, /th/, /sth/. Il y a même /sç/, comme dans « acquiesça ». La difficulté, voire le côté baroque de notre code de retranscription graphique rend la rédaction excessivement compliquée en français. Les linguistes sont unanimes sur le fait que la rationalisation de ce code graphique permettrait de passer plus de temps sur ce qui est porteur de sens.
Nous ne disons pas que rien ne porte du sens dans le code graphique actuel. L’idée n’est pas de tout supprimer pour rendre l’orthographe parfaitement transparente phonétiquement, mais bien de s’interroger sur ce qui n’a pas de valeur dans l’orthographe, comme les consonnes en double ou les pluriels en « x », qui parfois ne servent à rien."
"L’orthographe n’est que le code graphique qui permet de retranscrire la langue. Par exemple, pour le son [s] à l’oral, on a identifié avec mon collègue Jérôme Piron douze manières de le retranscrire – /s/, /ss/, /c/, /ç/, /th/, /sth/. Il y a même /sç/, comme dans « acquiesça ». La difficulté, voire le côté baroque de notre code de retranscription graphique rend la rédaction excessivement compliquée en français. Les linguistes sont unanimes sur le fait que la rationalisation de ce code graphique permettrait de passer plus de temps sur ce qui est porteur de sens.
Nous ne disons pas que rien ne porte du sens dans le code graphique actuel. L’idée n’est pas de tout supprimer pour rendre l’orthographe parfaitement transparente phonétiquement, mais bien de s’interroger sur ce qui n’a pas de valeur dans l’orthographe, comme les consonnes en double ou les pluriels en « x », qui parfois ne servent à rien."
"ceux qui défendent une orthographe immuable défendent souvent en même temps un rapport à l’identité et à la République assez strict. Vu de Belgique ou du Québec, puisque c’est notre orthographe autant que celle des Français, cela fait sourire. Cette vision prend une dimension presque post-coloniale en ce qui concerne l’Afrique, qui continue de regarder vers Paris et vers l’Académie française pour prendre des décisions linguistiques. Or le français appartient autant à Kinshasa qu’à Paris. Il y a presque 17 millions de francophones à Kinshasa. "
"Nous réclamons, par exemple, de ne pas faire moins de grammaire mais mieux de grammaire, fondée sur le sens. Je suis toujours désespéré quand j’entends que la grammaire conserve pour les enfants un goût détestable, alors qu’elle peut être vue comme un immense Lego qui permet de fabriquer des phrases, comme on fabriquerait des meubles."
"Pour vous, il ne peut y avoir de démocratisation scolaire, y compris dans l’enseignement supérieur, si on ne simplifie pas la langue ?
Si on pense à simplifier l’orthographe et pas la langue. Moi je suis totalement opposé à une simplification de la langue. Au contraire, elle doit être la plus complexe et complète possible, la plus bigarrée, la plus absurde. Quand on compare la rationalisation orthographique à la novlangue de l’écrivain Georges Orwell, c’est un contresens absolu : la langue dans Orwell est simplifiée car réduite à des binarités, de la technique, et alors on perd tout. L’orthographe, outil technique, doit être rationnelle et assimilable, elle donnera ainsi accès à une langue orale et écrite foisonnante et même poétique."
Voir aussi : https://shaarli.mydjey.eu/shaare/LCPBMQ
""Les deux belges qui veulent simplifier la langue française" : tout est faux dans cette phrase. Pas "simplifier" mais bien faire preuve d'esprit critique, se demander si tout se vaut dans notre orthographe. Pas deux belges, mais bien deux curieux qui veulent transmettre le travail des linguistes de toute la francophonie, pas même la "langue française", seulement son orthographe. Car l'orthographe, c'est pas la langue, c'est juste le code graphique qui permet de la retranscrire. Passion pour les uns, chemin de croix pour les autres, elle est sacrée pour tous. Et pourtant, il ne s'agit peut-être que d'un énorme malentendu."
Moteur de recherche de synonyme, à l'air super balèze [1], par le CRISCO (Centre de Recherche Inter-Langues sur la Signification en Contexte) de Caen.
[1] exemple : https://crisco2.unicaen.fr/des/synonymes/bal%C3%A8ze
Superbe ça ! Une extension Firefox est dispo en plus. Je viens de faire un test sur un texte anglais, focntionne très bien.
Utile en complément de Deepl pour les traductions.
Grosse pensée pour ceux humilié toute leur enfance d'un "zéro pointé" à la dictée pendant les cours de français (j'en suis).
Voir aussi : http://shaarli.mydjey.eu/?4-A0NQ
Voir aussi la notion de : insécurité linguistique
Souvent, les enseignants savent expliquer comment on accorde, mais pas pourquoi. L’incohérence des règles traditionnelles les empêche de donner du sens à leur enseignement. Le temps moyen consacré aux règles actuelles est de 80 heures, pour atteindre un niveau dont tout le monde se plaint. Il serait tellement plus riche de le consacrer à développer du vocabulaire, apprendre la syntaxe, goûter la littérature, comprendre la morphologie ou explorer l’étymologie, bref, à apprendre à nos enfants tout ce qui permet de maîtriser la langue plutôt qu’à faire retenir les parties les plus arbitraires de son code graphique.
« Conclusion : Afin que tout le monde comprenne le texte, il vaudrait donc mieux tout écrire, comme « lectrices et lecteurs ». »
Content de lire cette conclusion ... parce que j'en arrive à la même conclusion. ^^
Les mots du type : "paysan.nes" me posent problème, car lorsque je lis une phrase je dois à chaque mot de ce type revenir en arrière pour comprendre pourquoi il a été question des "paysannes" (la vitesse de lecture me fait voir le seul mot "paysanne" et non "paysan" et "paysanne").
A cet argument on m'a répondu qu'avec le temps mon œil s’habituerait à la chose et lirait bien les deux mots. Depuis le temps que je lis ce type de langage "non genré" mes yeux ne se sont toujours pas habitués, j'aurais tendance maintenant à croire que ce n'est pas une question d'habitude, mais une question d'accessibilité.
Si besoin est de préciser le féminin et le masculin et bien soit ! Mais écrivons les deux mots « lectrices et lecteurs ».
Ou allons encore plus loin et faisons disparaître la notion de genre de la langue française ! Après tout, pleins de langues ne font pas cette distinction et ça ne pose pas de soucis (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Genre_grammatical).
« Notre usage de l’orthographe, notre attitude face à l’usage de l’orthographe, sont, je pense, révélateurs de nos statuts sociaux, de nos conceptions philosophiques et de nos idées politiques. L’orthographe revient régulièrement sur le tapis, notamment sur facebook où, à coup de perles du bac, de corrections doctorales et autres dîners de cons modernes, elle occasionne sourires narquois, honte populaire et revendications rebelles. Qui n’a pas vu un débat politique ponctué de « apprenez d’abord à écrire le français, appeler prend deux p et un l [...] ».