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"L’autorisation de la vente à perte pour les carburants pour une durée de six mois est présentée par le gouvernement comme une mesure de lutte contre l’inflation. C’est, en réalité, le signe d’une panique d’un exécutif sans solution face à la hausse des prix."
" Le récit bricolé par Bercy est, en apparence, parfait. Si les distributeurs peuvent vendre leurs produits en deçà de leur prix d’achat, les prix finals ne manqueront pas ou de baisser ou d’augmenter moins vite que le prix des matières premières. "
" Mais ce récit est en réalité une rustine qui fait mine d’ignorer les fondements mêmes de l’économie capitaliste. "
" Rappelons donc quelques évidences : aucune production capitaliste n’a de sens si elle n’est pas mise au service de la rentabilité, qui est son seul but. Lorsqu’une entreprise accepte une perte volontaire, comme dans le cas de la vente à perte, ce ne peut être qu’un mouvement tactique ayant pour objet de renforcer à moyen terme sa rentabilité. "
"La vente à perte peut ainsi avoir deux fonctions. La première est de s’appuyer sur sa force financière, c’est-à-dire sa capacité d’absorber des pertes temporaires, pour gagner des parts de marché et mettre à genoux ses concurrents moins solides. Une fois le ménage fait, il est temps de profiter de cette nouvelle position dominante pour relever les prix.
La deuxième est de concentrer ces ventes à perte sur certains produits dits « d’appel » pour attirer des consommateurs et les inciter, une fois sur place, à acheter d’autres produits aux prix plus élevés. Les pertes de ces produits d’appel sont alors compensées par les gains sur les autres produits.
Dans les deux cas, on l’aura compris, la vente à perte est une distorsion de concurrence qui, in fine, n’a pas d’impact sur l’inflation, mais qui, bien au contraire, favorise à terme la hausse des prix en favorisant les concentrations et les prix « compensatoires ». "
" C’est pour cette raison que cette pratique a été interdite en France en 1963. L’optique est celle d’encadrer les marchés pour les faire mieux fonctionner et favoriser la concurrence."
"Comme il y a peu de chances que cette mesure sur le prix des carburants provoque une augmentation massive du volume des ventes, la seule option sera celle de la hausse des prix pour compenser."
"Alors qu’il prétend défendre le commerce de centre-ville et la concurrence, le gouvernement prend, avec cette mesure, une décision violente pour le petit commerce."
"Bref, le gouvernement fait le choix des gros contre les petits, en espérant un effet ponctuel sur l’indice des prix et en prenant le risque d’une aggravation de la concentration dans le secteur de la distribution, alors même que l’on sait désormais – même la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international le reconnaissent – que l’inflation est liée à des phénomènes de rente permettant de compenser la baisse des volumes par la hausse des prix."
"Plus que jamais, les Français sont laissés sans aucune protection face à la hausse des prix."