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« [...] puisqu’il est question de nationalisation, je préfèrerais qu’on parle de socialisation, parce que l’État peut faire certaines choses, mais le privé aussi peut faire certaines choses. Quand l’activité concerne le bien-être et la vie de milliers d’individus, je préfèrerais que les secteurs stratégiques soient « socialisés », c’est-à-dire que toutes les parties prenantes, pas seulement les actionnaires ou l’État, aient leur mot à dire. Donc, y compris les salariés, les consommateurs ou les usagers. Dans une interview que j’ai donnée à l’Humanité, je propose de socialiser le secteur bancaire et il faudrait réfléchir très sérieusement à la chose car le secteur bancaire est le cœur et le poumon de l’économie. »
« Personnellement, je suis un keynésien, un post-keynésien pour être précis. Je suis donc en faveur d’une économie mixte, où tout n’est pas public et tout n’est pas privé. Il est donc en effet urgent de déprivatiser. Je pense qu’il faut identifier un certain nombre de secteurs où la logique marchande ne fonctionne pas. Et cette liste de secteurs me paraît claire aujourd’hui. Si la crise actuelle ne nous apprend rien, à ce propos, c’est que nous n’aurons absolument rien appris. On voit bien que dans les pays où la santé est privée comme aux Etats-Unis, cela ne fonctionne absolument pas : c’est cher, inefficace et hautement problématique en cas d’épidémie, et même en temps normal. La santé relève du public. De la même manière, l’éducation, la recherche relèvent du public. Je pense qu’il faut repartir sur du bon sens.
Il faudrait réfléchir vraiment à ce qui relève de l’ordre de la gestion privée. Il y a des choses que le privé fait très bien. Il ne me viendrait pas à l’esprit de vouloir nationaliser la boulangerie, par exemple. Mais il s’agit de réaffirmer clairement qu’il y a un certain nombre de choses qui sont de l’utilité publique, comme la santé, l’éducation, la recherche, les transports, l’énergie.
»
« Il me semble que le socialisme, au sens de l’URSS, a échoué. Il est clair que le capitalisme, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, a également échoué, pour des raisons différentes. Mais le résultat est au moins aussi désastreux. Donc, pourquoi ne pas réinventer autre chose ? Je suis tout à fait ouvert à la discussion. Il me semble que la réponse à ces crises, ces malaises, est de réfléchir aussi à une politique industrielle, réfléchir à une relocalisation de certaines activités et réfléchir à comment on assure la transition écologique, comment on assure les circuits courts à l’échelle locale et à l’échelle nationale. Le capitalisme financier a vécu, trop vécu. »