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Les milliardaires n'aiment pas les médias qu'ils ne possèdent pas :
Que pense Bernard Arnault de Mediapart, du Canard enchaîné et de La Lettre ? Pour le patron de LVMH, ces médias indépendants, vivant sans publicité, sont peuplés de « journalistes peu scrupuleux » qui « se servent de l’attrait du public pour le luxe afin d’attirer de manière racoleuse un nouveau lectorat ». On l’aura compris, le milliardaire ne goûte que très peu nos révélations sur l’envers de son empire du luxe.
Et il tient à le faire savoir à son comité de direction, composé des administrateurs généraux de son groupe, dont ses deux enfants aînés. Dans un courrier daté du 17 janvier, et révélé par La Lettre, Bernard Arnault dresse une liste noire de médias d’information auxquels les salarié·es de LVMH ont « interdiction absolue de parler ».
Décrites comme « des sites dits d’investigation », ou encore comme « des lettres soi-disant confidentielles », ces « publications orientées » sont désormais blacklistées par le numéro un mondial du luxe sont au nombre de sept.
Autres extraits :
Bernard Arnault rappelle par ailleurs à son comité de direction, qui a la charge de faire ruisseler cette consigne à ses subordonnés hiérarchiques, que les seuls échanges autorisés avec la presse sont ceux qui empruntent « les circuits de communication que nous avons mis en place dans nos entreprises et qui obéissent à des règles très précises ». Il met en garde ceux qui dérogeraient à cette « recommandation » dans des termes particulièrement menaçants et prévient qu’il se montrera « intraitable ».
D’autant que Bernard Arnault pèse très lourd dans le domaine des médias. Son groupe LVMH est omniprésent. Il possède Les Échos, Le Parisien, Radio Classique, le journal Investir ou, à compter du 1er octobre, Paris Match. Il s’étale de tout son long sur les pages de publicité, exerçant, de fait, une pression financière, y compris sur les journaux qu’il ne possède pas.
LVMH n’a pas apprécié le documentaire de Ruffin [Merci patron], pas plus que nos nombreux articles, plus récents, sur le groupe. Par exemple, nos informations sur sa prise de Paris. Nous avons consacré, en mai, cinq articles pour documenter comment le groupe avait fait de la ville un énième produit LVMH, avec l’aide de la mairie.
La France est classé ... 34ème, loin derrière la Suisse, l'Allemagne, le Portugal, L'Irlande, La Belgique... sans même parler des pays nordiques.
Ah merde. Bientôt plus de titres indépendants en bureau de presse ?
Ce serait moche. :/
"En mai 2016, Aude Lancelin était licenciée sans ménagement de L'Obs après avoir occupé le poste de directrice adjointe de la rédaction pendant deux ans. Cette figure de la gauche payait sa défense d'intellectuels tels qu'Alain Badiou ou Jacques Rancière au sein d'un hebdomadaire ne jurant plus que par la social-démocratie, le management ultralibéral et la défense des intérêts de ses nouveaux actionnaires majoritaires – à savoir Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse"
« Au-delà du cas Joffrin, la critique des médias n'est pas un sport très répandu chez mes confrères. Ça passe souvent pour un manque de « confraternité ». On entend souvent ce terme-là, que je n'ai pour ma part jamais compris. Si vous êtes charcutier, devez-vous vous sentir solidaire d'un confrère qui mettrait de la viande avariée dans ses saucisses ? C'est très curieux comme idée. »
« Ces gens-là ont un tout autre rapport à la presse qu'un Robert Hersant ou un Serge Dassault, qui ont pourtant longtemps fait pousser des cris d'orfraie à la gauche. Il ne s'agit plus de s'offrir un titre pour soutenir tel ou tel camp, on est passé à un autre âge de la propagande, plus insaisissable, plus dangereux par conséquent. Au sens large, il s'agit en effet d'imposer une vision libérale du monde, où la casse sociale la plus sordide se voit réenchantée en modernité ubérisée, de promouvoir un monde fluide, pseudo-innovant, sans alternative. Il s'agit également d'infuser dans le milieu du journalisme de nouvelles méthodes de « management », importées d'autres univers, comme celui de la banque. Personnellement je parlerais de saccage. »
« En mai 2016, Aude Lancelin était licenciée sans ménagement de L'Obs après avoir occupé le poste de directrice adjointe de la rédaction pendant deux ans. Cette figure de la gauche payait sa défense d'intellectuels tels qu'Alain Badiou ou Jacques Rancière au sein d'un hebdomadaire ne jurant plus que par la social-démocratie, le management ultralibéral et la défense des intérêts de ses nouveaux actionnaires majoritaires – à savoir Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse »
« sous couvert d'éradication de la radicalité politique, on a promu un libéralisme lui-même extrêmement radical, dont les représentants intellectuels avancent masqués, prétendant faire preuve de modération, voire de neutralité.
Un phénomène politique comme Emmanuel Macron est l'émanation politique directe de cette presse-là, prétendument neutre et « objective », ni-de-droite-ni-de-gauche, mais qui mène en réalité des opérations idéologiques très agressives. »
« On nous vend un affadissement généralisé des contenus intellectuels et la fin des « grands récits » – en réalité c'est totalement faux. Dès qu'on introduit une idée radicale sur la place publique, tout le système se réveille et s'offusque, allant jusqu'à couper des têtes – dont la mienne. Si les idées dérangent à ce point, c'est qu'elles ont encore une puissance. »
« Dans la mesure où les vrais opposants n'ont en réalité que très peu droit à la parole, ou même pas du tout, le système sécrète de faux rebelles. Ce n'est pas nouveau. Le succès de ce qu'on a appelé les « nouveaux philosophes », à partir de la fin des années 1970, vient de là. Un tel logiciel de pensée a permis pendant quarante ans de prendre des postures engagées, de recycler l'esprit soixante-huitard, tout en adoptant des positions en réalité totalement conformes à l'ordre établi – en tenant le plus possible à distance la question de l'injustice sociale par exemple. »
« je ne crois pas que les gens soient inaptes à s'élever au-dessus du niveau de BuzzFeed. Pas du tout. Je suis au contraire persuadée que les directeurs de journaux sont beaucoup plus bas de gamme dans leurs goûts que les lecteurs. Quand je dis qu'ils regardent The Voice, c'est vrai ! Dans la hiérarchie des journaux, vous avez désormais des gens qui n'ouvrent pas un livre. »
Où l'on apprend que l'ancien président de la République exerçait des pressions constantes sur la presse (sur LeMonde de manière avéré).
« un journal rémunère ses journalistes avec ses ventes, il peut se considérer indépendant. En revanche, si un groupe de presse perd de l'argent de façon structurelle, et qu'il nécessite l'intervention incessante d'un actionnaire aux poches profondes, cela veut dire que cet actionnaire détient le réel pouvoir du journal. »
« Ces puissants s'achètent des médias comme une sorte de superpouvoirs qui va les mettre à l'abri, du moins les protègent contre des attaques potentielles. »
« L'aventure du 1, en ce sens, correspond à mon analyse : celle que la crise des médias n'était pas une crise du support, mais des contenus. »
« Nous avons respecté notre promesse éditoriale : celle d' "expliquer" le siècle, c'est-à-dire, d'identifier, dans l'actualité, ce qui nous parait structurant. La 1 veut mener des combats pour une société meilleure, en ce sens, nous sommes un journal engagé à destination de lecteur-citoyen. »
« À force de faire des journaux d'actionnaires, d'annonceurs, la presse a fini par ne plus faire de journaux de lecteurs. »
« L'autre facteur de fracture résulte de la connivence entre élites politiques et médiatiques qui peut être perçue par le peuple. Les journalistes apparaissent ainsi, parfois, acomme complices, du moins compréhensifs des intérêts des puissants. Il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour casser, d'une manière ou d'une autre, cette perception afin de renouer avec la confiance des lecteurs-citoyens. »
Si on sort des classiques du genre ... Femme Actuelle, tous les magazines (ceux sur des thèmes spécifiques quoi) ne se trouvent pas chez tous les buralistes ni dans tous les kiosques, ce site permet de savoir où est dispo tel ou tel magazine.
Pratique !
(oui les magazines papier existent encore !)