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" À défaut d’un effet économique identifiable, la réforme a, en revanche, eu un effet sur le patrimoine et les revenus des plus fortunés. Et c’est même le seul effet que le comité est capable d’identifier avec certitude. Et les chiffres sont vertigineux. En 2018, les dividendes versés aux ménages résidant en France ont augmenté de 9 milliards d’euros sur un an, à 23 milliards d’euros, soit une hausse de 64 %. Et le flux s’est encore accru en 2019 de 1 milliard d’euros, avant de se stabiliser à ce niveau très élevé en 2020 "
" Lorsque l’on dit « versés aux ménages », il faut savoir de quoi on parle : 45 % de la hausse de 9 milliards d’euros a été captée par 5 000 foyers qui ont vu leurs dividendes dépasser 100 000 euros par an, et 13 %, soit 1,2 milliard d’euros, ont été captés par 310 foyers, qui ont touché plus d’un million d’euros de dividendes par an. Il s’est ensuivi un creusement des inégalités au sein même de la classe la plus aisée, au bénéfice des 0,1 % les plus riches. "
" Les bénéfices dégagés par ces réformes ne se sont pas retrouvés dans l’économie française parce qu’ils sont allés là où les rendements sont les plus attrayants : à l’étranger, dans l’immobilier et dans les marchés financiers. L’incompréhension de cette réalité pourtant évidente est le voile qui permet de faire accroire à la classe moyenne qu’il faut épargner les plus riches. Et c’est pourquoi ce type de rapport, comme celui du comité d’évaluation, est important : il ne peut dissimuler le désastre économique et social de cette réforme. Et sape les bases de l’imposture. "
" En réalité, la seule vraie boussole de ce quinquennat, c’est cette réforme de la fiscalité du capital. [...] . En dépit de son impopularité, la fin de l’ISF est restée un point non négociable pour Emmanuel Macron. C’est donc ici qu’il faut chercher son identité politique et économique. "
" En 2019, sous la pression des gilets jaunes, le président de la République avait concédé qu’il se soumettrait à l’évaluation de la réforme de la fiscalité du capital. Laurent Saint-Martin et Benjamin Griveaux, député LREM, avaient, à l’époque, demandé de laisser passer deux ans. On y est. Marlène Schiappa va-t-elle proposer de rétablir l’ISF comme elle s’y était alors engagée ? « Si l’évaluation montre que des capitaux ne sont pas suffisamment injectés dans l’économie française, je proposerai de rétablir l’ISF », avait-elle alors affirmé."
"Évidemment, on comprend la fonction de l’évaluation : c’est une façon de gagner du temps et de pérenniser des mesures qui, une fois en place, ne peuvent plus être remises en cause, car on ferait alors prendre des risques à « l’emploi ». C’est un piège politique qui s’apparente à une forme d’escroquerie. Dès 2018, chacun avait déjà les moyens de savoir que cette réforme de la fiscalité du capital était une mesure de classe et non une mesure économique."
Intéressant point de vu de Piketty qui sort de la vision binaire "l'Europe soit on l'accepte telle qu'elle est, soit on en sort". Oui il y'a possibilité de changer les institutions et les traités européens ! Et c'est ce que l'on doit faire. Article à lire !
« Thomas Piketty https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Piketty . [...] lance un appel pour transformer l’Europe. Pas une énième incantation mais des propositions concrètes réunies dans un manifeste intitulé Changer l’Europe, c’est possible ! Un petit livre à 3 euros publié jeudi, accessible à tous, afin de prouver que plus de démocratie et de justice sociale en Europe ne sont pas de simples utopies politiques. »
Quelques extraits pour mémoire :
« [...], les Etats-Unis ont abaissé l’impôt sur les sociétés à 21 % en 2017. Depuis les années 80, cet impôt [sur les sociétés] est globalement passé en Europe de 45 % à 25 %…
L’exemple américain est intéressant. Le taux de l’impôt fédéral a effectivement été abaissé de 35 % à 21 % par Trump. Mais n’oubliez pas d’y ajouter celui des Etats, qui peut atteindre 10 %. Au total, le taux américain est passé de 45 % à 31 %, ce qui reste plus élevé qu’en Europe. Pourtant, aux Etats-Unis, il n’y a pas de préférence pour l’impôt plus forte qu’en Europe. La différence est très claire : aux Etats-Unis, le vote de l’impôt [sur les sociétés] relève de la compétence du Congrès fédéral, pas en Europe. Cela montre que les institutions sont importantes. Je pense fondamentalement qu’au sein de l’Union, les mêmes électeurs et les mêmes responsables politiques, avec des institutions qui permettent la coopération, donneraient une autre réalité à l’Europe. »
« Macron depuis deux ans a été caricatural. Il est arrivé en disant : «J’ai de l’argent pour ceux qui paient l’ISF et les autres débourseront pour financer cette mesure»… Il se trompe d’époque alors que les démocrates américains proposent de créer un impôt sur la fortune. Macron n’a pas compris que depuis la crise de 2008, le mouvement reaganien était définitivement terminé. La plupart des gouvernements ont alors pris conscience qu’il y avait des excès de la dérégulation, de la montée des inégalités, et que si l’on n’y prenait pas garde, tout ceci conduirait à un rejet de la mondialisation, à un repli identitaire extrêmement dangereux. Macron arrive à la tête du pays et explique que ce qui va sauver la France c’est supprimer l’ISF. C’est du grand n’importe quoi. »
« On lit souvent que Macron a fait des propositions géniales pour l’Europe et que les Allemands n’en veulent pas. Soyons clairs : il n’a fait aucune proposition. Le récit du budget de la zone euro de Macron est vide. [...]. Macron occupe le terrain en faisant croire qu’il veut faire. Idéologiquement parlant, il est très mal équipé pour porter un message de justice fiscale en Europe. »
Voir le site : Manifeste pour une démocratisation de l'Europe : http://tdem.eu/
Voir le livre (3€) : Changer l’Europe, c’est possible !
http://www.seuil.com/ouvrage/changer-l-europe-c-est-possible-manon-bouju/9782757879313
« En quelques semaines, coup sur coup, des milliardaires comme Bill Gates, Warren Buffet et même Jamie Dimon, le patron de JP Morgan la plus importante banque américaine, tous ont tiré la sonnette d'alarme. Ils estiment que les plus riches sont sous-taxés et que le rêve américain, c'est-à-dire la possibilité de devenir riche en partant de rien, n'est aujourd'hui plus possible à cause du système actuel qui rend les riches plus riches et que les pauvres n'ont plus l'occasion de sortir de leur condition. »
Puisse l'idée se généraliser, et puisse ces riches ne pas considérer que le don est équivalent à l’impôt... [1]
Anecdotiquement, j'ai entendu il y'a peu des français (assez) riches (ex redevables à l'ISF) dirent que ça ne les dérangeaient pas de payer à nouveau l'ISF.
1% des plus riches détiennent 90% de la richesse (on l'entend souvent et c'est dit à nouveau dans l'article).
Qui peut croire 30 secondes qu'une société peut tenir avec de telles inégalités ?
De deux choses l'une et sans tourner autour du pot. Soit "les (très) riches" acceptent cette l'idée de répartition des richesses, soit à plus ou moins moyen terme on va vers l'écroulement de notre société. Ce ne sera pas la première société à s'écrouler face à l’accaparement des richesses par "les élites". Si on en croit certains, c'est même une constante de l'histoire : https://www.franceculture.fr/emissions/le-salon-noir/ces-gaulois-vendus-rome
[1] sur le sujet de impots VS dons voir :
Lionel Astruc : "À travers sa fondation, Bill Gates contourne l'État et s'achète du pouvoir"
https://www.franceinter.fr/emissions/l-interview/l-interview-16-mars-2019
L'art de la fausse générosité - La fondation Bill et Melinda Gates
https://www.actes-sud.fr/catalogue/societe/lart-de-la-fausse-generosite