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Au dela du titre réducteur, tellement tellement de choses intéressantes dans cette interview. Y réside bien des clés à nos soucis sociétaux actuels, je crois.
« On peut voir ce qui se passe au Capitole comme la faute d'un homme, mais j'y vois aussi la faillite d'un système électoral à bout de souffle qu'Internet et les réseaux sociaux rendent insoutenable. On a créé une machine à nous diviser entre clans qui se détestent, et ne croyons pas que c'est pas aussi le cas chez nous.
La façon dont les partis et leurs militants se vautrent dans une haine de l'autre camp était déjà effrayante ici dès la campagne 2017, et ça n'a fait qu'empirer depuis, et j'ai très peur pour 2022. L'élection, qui était un mode pacifiste de résolution des conflits au sein de la société, est en train de devenir un catalyseur de mensonges, de mauvaise foi, de manipulations en tous genres, que l'on voyait déjà avec les médias de masse, mais loin de l'échelle permise par les réseaux sociaux où ceux qui se ressemblent s'assemblent, et voient tous ceux qui diffèrent comme l'adversaire.
Vous savez cette phrase, "les méchants sont bêtes, ils croient que les méchants c'est nous", bah l'élection + les réseaux sociaux, c'est le cocktail parfait qui fait que tout le monde pense ça en regardant les autres militants politiques, et que la défaite est devenue une idée insupportable.
Est-ce que ça veut dire qu'il faut ne plus élire ? Non, mais il faut sans doute revoir en profondeur les modes de scrutin, les pouvoirs associés aux mandats, leur fréquence, leur durée, les contre-pouvoirs, etc., pour introduire par nos institutions bcp plus de compromis et de dialogue qu'aujourd'hui, pour donner plus de place à la consultation citoyenne sur des sujets de débat précis et non sur des hommes et des femmes qui doivent se prononcer sur tout à notre place, etc.
Bref, il faut fonder une démocratie du 21e siècle, adaptée aux modes de communication du 21e siècle. Ou ce qu'on voit au Capitole, on le verra partout. »
Son président, Jean-François Delfraissy, insiste depuis ses premières interventions sur la nécessité d’une « démocratie sanitaire ». C’est-à-dire sur l’exigence de ne pas laisser les politiques, l’administration, les médecins gérer seuls une crise sanitaire exceptionnelle qui met à l’arrêt et en confinement le pays et sa population. Il l’a redit lors de son audition au Sénat, le 15 avril.
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Depuis le début de l’épidémie, ce n’est pas le chemin choisi par l’exécutif. Les interventions solitaires du chef de l’État transformé en chef de guerre, les conférences de presse ministérielles n’ont cessé de mettre en scène quotidiennement cette verticale du pouvoir face à une population infantilisée et considérée comme passive.
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La préparation du déconfinement fera-t-elle changer les choses ? Le pouvoir semble sur le point de réaliser qu’il ne pourra plus faire seul, sans les élus locaux, les maires surtout. Mais les grandes ONG, les associations, la société civile, la multitude d’initiatives et de solidarités concrètes qui se construisent sur le terrain demeurent ignorées.
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D’où la mise en garde et la critique implicite que l’on découvre dans cette note titrée « L’urgence sociétale, l’inclusion et la participation de la société à la réponse du Covid-19. »
« Nous avons remarqué que, malgré la mobilisation de milliers, voire de dizaines de milliers, de citoyens contre des projets d'arrêtés soumis à la consultation publique, ceux-ci étaient néanmoins signés sans modification »
« Le jugement majoritaire, développé en 2002 par deux chercheurs français et américain, permet de saisir les nuances de l’opinion et d’éviter le vote utile. Pour cela, l’électeur indique, pour chaque candidat, s’il le trouve : excellent, très bien, bien, moyen, mauvais, ou à rejeter. A la différence d’une note, ces opinions sont déjà très courantes dans l’esprit des citoyens. L’utilisation de l’opinion médiane – par définition, celle soutenue par 50% des électeurs – permet de choisir le candidat bénéficiant du meilleur soutien de la majorité, au lieu du soutien fort d’une minorité. »
voir la vidéo
Dimitri Courant, doctorant en sciences politiques et spécialiste de la démocratie délibérative
Vidéo plus longue de D. Courant sur le RIC : https://www.youtube.com/watch?v=soRSAK-Cenc
Voir ici ses références : http://www.cresppa.cnrs.fr/csu/equipe/les-membres-du-csu/courant-dimitri/?lang=fr
Un générateur de jugement majoritaire (en version beta). A terme l'idée du jugement majoritaire serait d'élire un candidat à une élection mais ça peut être utilisé comme ici dans un but pédagogique.
Une sorte de Doodle/Framadate mais qui permet la nuance.
Intéressant.
Le #preferendum : "un référendum a choix multiple pour évaluer les choix soumis au référendum" Oublions le référendum binaire, pas si démocratique que ça